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My life is a failure
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16 août 2010

Les meilleures choses ont une fin

Hier soir l'idée m'est venue comme une envie de pisser, alors que je rentrais de soirée et que j'avais besoin de vider mon sac.

J'ai 29 ans, et depuis une semaine je vis dans un monde parallèle. C'est une histoire d'une banalité affligeante quand on y pense, une rupture ça arrive à n'importe qui, mais j'avais oublié à quel point la solitude et l'angoisse savent s'allier pour vous en coller plein la tronche au moment où vous êtes le plus vulnérable.

Quatre ans, un mois, deux semaines. La plus longue histoire d'amour que j'ai jamais eue et qui a changé ma vie. Il m'a quittée la semaine dernière. Ma vie a basculé, encore, bien plus vite que quand je l'ai connu.

Quatre ans qui ont filé : un premier rendez-vous cinéma, puis un autre, un mois après on emménageait ensemble, six mois après on achetait notre appartement, et à notre premier anniversaire il me demandait en mariage.

Pendant toute notre relation, je n'ai jamais pu m'empêcher de le détester, au moins autant que je m'attachais à lui. Il avait tout ce que je n'avais pas : des études valorisantes, un bon travail, un bon salaire, une famille soudée, des parents qui s'aimaient encore malgré vingt-huit ans de mariage, un optimisme à tout épreuve, et une vie lisse comme un cul. Mes études avaient été un échec retentissant, je sortais de deux années d'une dépression qui m'avait foutue plus bas que terre et m'avait fait prendre près de quarante kilos, j'avais quitté sur un coup de tête un gars que j'aimais comme une folle et je m'en mordais les doigts, j'avais réussi à me raccrocher aux branches et à trouver un travail comme petit personnel dans la fonction publique, ma famille aurait pu être un mix entre du Balzac et du Zola entre les histoires de viols, de prostitution, de coucheries et autres, ce qui fait de moi la version humaine et féminine de Marvin, en moins intelligente à mon grand désespoir.

Je me souviens de ses premières invitations, le pauvre essayait d'être discret, mais son plan drague se voyait à des kilomètres. Je le trouvais ridicule, et je m'étais promis de lui en faire baver un max pour me venger de tous les autres. Et puis j'ai eu un cas de conscience, et j'ai voulu tout arrêter avant de lui faire du mal pour de vrai, sauf qu'il s'est accroché et qu'il a réussi à retourner la situation avec une habileté admirable. Ensuite, c'est comme si notre quotidien avait été sur des rails, il nous suffisait de suivre, tout était si simple. On s'habitue vite à la vie à deux et au petit confort qu'elle procure, on se ramollit, comme si être en couple était une tâche accomplie sur une to-do list "Ok, donc ça c'est fait on peut passer à un autre truc, tiens faudrait refaire le papier-peint du salon".

Je ne sais pas si je lui en veux de m'avoir quittée, je me demande même si au fond de moi je ne l'ai pas poussé à partir, à force de lui répéter qu'un jour il s'en irait avec une petite nénette de vingt ans de moins que moi, plus jolie, plus ferme, plus souriante, plus mieux que moi parce que moi je n'ai jamais pu me considérer comme quelqu'un d'intéressant. Ni d'aimable, dans le sens "digne d'être aimée". L'espace de quelques mois j'y ai cru pourtant, ça me fait bien chier de l'admettre, et puis je reviens au présent et je me rends compte que je me suis trompée, puisqu'il est parti. Même si je ne l'aimais plus vraiment, j'avais au moins l'impression d'être indispensable pour lui, c'était le premier qui m'avait dit qu'il m'aimerait pour toujours avec autant de conviction, comme si "nous deux pour la vie" était une évidence.

Enfin voilà, le tour de manège fut sympathique, maintenant il faut redescendre sur terre : je suis seule, j'ai un boulot merdique, je me sens nulle, moche, conne, égoïste et j'ai l'impression de souiller tout ce que je touche. Je pense très sincèrement que je ne serai capable d'attirer que des gros cons et des pervers et que jamais un type bien ne voudra de moi, parce que d'expérience tous les mecs pour lesquels j'aurais été capable de me retourner la gueule pour les mériter ont trouvé mieux ou ont préféré rester seuls.

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